Les souvenirs des exactions durant la 1ère guerre mondiale et l’avancée de l’armée Allemande en mai 1940, poussent 6 à 8 millions de personnes sur les routes. Le personnel du préventorium et les enfants suivent cet exode forcé et trouvent refuge à Vieux Boucau dans les Landes à partir de mars 1940.

Le nombre d’enfant pris en charge était d’environ 230 enfants, se pose alors la question de leur approvisionnement. Grâce à une allocation versée par la préfecture des Landes, de 6 francs par jour, le personnel va devoir faire preuve d’ingéniosité pour nourrir ces enfants.

Car dès l’automne 1940 sont mis en place des tickets de rationnement, en effet, les millions de français retenus comme prisonnier de guerre et le pillage allemand désorganisent l’économie. La population est répartie en 8 catégories en fonction de l’âge et de la profession. Il est accordé entre 1200 et 1800 calories par personne. Ces tickets de rationnement vont perdurer jusqu’en décembre 1949.

En fonction de la catégorie où vous étiez classé la ration était plus ou moins importante :

Catégorie E : Enfants des deux sexes âgés de moins de trois ans.

Catégorie J1 : Enfants des deux sexes âgés de trois à 6 ans révolus.

Catégorie J2 : Enfants des deux sexes âgés de 6 à 12 ans révolus.

Catégorie A : Consommateurs de 12 a 70 ans ne se livrant pas à des travaux de force.

Catégorie T : Consommateurs de 14 à 70 ans se livrant à des travaux pénibles nécessitant une grande dépense de force musculaire

Des traces du quotidien

Dans les archives de l’Association sont restés des documents qui peuvent témoigner du quotidien et des repas servis aux enfants.

Ainsi grâce aux factures qui nous sont parvenues de la boucherie « Le Gascon » de Vieux Boucau, le 6 mars 1940, nous savons que les enfants doivent se répartir 22,250 kg de rôti de bœuf, soit environ 100 grammes par enfants, ce repas était accompagné de pommes de terre. L’effectif était d’environ 230 enfants.

L’année suivante on peut observer une nette dégradation des conditions de vie, le dimanche 2 mai 1941, les enfants ont eu de nouveau le droit à un rôti de bœuf mais cet fois si de 13K400, pour un effectif sensiblement le même, accompagné cette fois de rutabagas. Soit environ 57 grammes de viande par enfant, celui-ci ne devait pas faire le difficile et manger tout le contenu de son assiette.

Le rutabaga était l’un des rares aliment non réquisitionné par l’armée allemande. Son rendement élevé nécessitant peu d’engrais, il a été cultivé et consommé pendant toute la seconde guerre mondiale. En mars 1941, ils ont eu droit à 12,9 kg de bouillie, au moins de 2 fois par semaine. On ne connaît pas la composition de cette bouillie. Ce que l’on sait, c’est que ce menu était parmi les moins chers. Le ragoût était lui aussi souvent présent, plusieurs fois par semaine, à partir de 1941.

A la boulangerie Darrigade de Vieux Boucau, la consommation de pain est passée de 3080 kg de pain par mois pour les enfants en 1940 à 2100 kg en juin 1941. Selon la catégorie ci-dessus, la ration journalière oscillait entre 100 et 350 grammes par jour.

Le fait surprenant est la consommation de vin rouge, environ 250 livres tous les quinze jours. Il faut savoir qu’il faut attendre une loi de 1956 pour interdire la consommation d’alcool pour les enfants de moins de 14 ans.

Nicolas Monsigny

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