Docteur Yves DUBUISSEZ

 1977, jeune remplaçant sur le secteur de Trélon, je me renseignais auprès d’un passant afin de trouver le domicile d’un patient. Je me vois répondre: c’est à côté du prévent. J’apprenais à ce moment qu’il y avait un préventorium à Trélon.

M’installant à Glageon quelques mois plus tard, nombre de mes patients travaillant dans cet établissement me racontaient son histoire. C’est surtout Mlle Irma Devaux, y ayant effectué toute sa carrière d’infirmière, qui me racontait avec passion l’histoire du préventorium, de l’aérium, du château de La Huda, de la Maison des Enfants qui ne faisaient qu’une seule et même institution.

Comme médecin libéral j’intervenais rarement, le suivi des enfants étant assuré par un médecin du CH Liessies.

Néanmoins, durant ses absences, j’étais appelé. L’une de mes premières intervention a marqué mon exercice. C’était un samedi, j’étais de garde, je suis appelé par un éducateur pour un enfant venant d’être agressé par un singe…… Le groupe d’enfants était à la Galoperie, parc d’attraction alors bien connu à Anor. Plus de cinquante poins de suture furent nécessaires pour soigner les blessures de cet enfant par ailleurs très courageux. Mes autres interventions, ponctuelles, furent heureusement plus banales. Il s’agissait de consultations pour des pathologies aiguës, infectieuses le plus souvent. Ces consultations se déroulaient à l’infirmerie qui accueillait les enfants , malades, jour et nuit.

En février 2004, la direction me propose d’occuper le poste de médecin d’établissement devenu vacant.

J’acceptais à la condition de pouvoir exercer en binôme avec le Docteur Lambin, mon confrère et ami de Trélon, ce qui avait l’avantage d’assurer une permanence quotidienne des soins. Nos interventions étaient quotidiennes et avec l’équipe soignante de l’époque (Véronique MICHEL infirmière, Delphine, Sabine et Véronique aides soignantes) nous fixons deux axes de travail:

– Le premier concernait l’organisation des soins des pathologies aiguës et chroniques.

– Le second , peut être plus important, s’intéressait au dépistage, à la prévention en pratiquant des examens médicaux systématiques, à l’entrée de l’enfant et lors de chaque année de présence dans l’établissement.

Un exemple, très frappant pour toute l’équipe, a été le cas d’une petite fille de neuf ans. De santé fragile elle présentait régulièrement des infections bronchiques. Lors d’un examen systématique nous avons la surprise d’entendre un souffle cardiaque qui nous amenait à découvrir une malformation importante nécessitant une intervention chirurgicale à Paris. Cette pathologie était passée inaperçue depuis l’enfance. Cela nous conforte dans l’intérêt  de ces examens systématiques qui permettent de dépister des pathologies ignorées chez des enfants passés, pour de multiples raisons, au travers de notre système de soins

En 2014, après le départ du Docteur LAMBIN, je reste seul médecin, les horaires de présence sont réduits. Mme Michel part et une nouvelle infirmière, Christelle Huftier arrive en septembre. L’équipe de l’infirmerie est donc composée désormais de trois personnes, le médecin, l’infirmière et l’aide soignante. Heureusement le duo Christelle- Delphine est d’une rare efficacité. Malgré le manque d’effectif les objectifs sont maintenus, les enfants sont à jour de leurs vaccinations et les nombreuses consultations externes sont assurées.

En qualité de médecin libéral j’intervenais sur le site du bol vert, pour des vacanciers en séjour, et bien sûr à l’ESAT du pont de sains. Là encore belle structure avec des infirmières successives très attentives au bien être des usagers. (Isabelle Leclercq, Karine Oger)

En 2020, le moment de mon départ est venu. Il faut trouver un médecin. Le Docteur Najate Chahlafi poursuit le travail , convaincue de l’importance de l’enjeu. Prendre en charge le mieux possible la santé des enfants confiés à l’institution, souvent pénalisés par une vie difficile. La  «Maison des Enfants» est un établissement médico-social. N’oublions jamais cette composante médicale! Je sais que le conseil d’administration et la direction actuels ont pleinement conscience de cette nécessité. Cela impose une collaboration très étroite entre l’éducatif et le médical.

«Le bonheur n’est pas un exercice narcissique et solitaire. Il tombe, comme par hasard, sur la tête et dans le cœur de ceux qui, loin de s’occuper d’eux mêmes, s’occupent plutôt d’autre chose-et des autres» (Jean d’Ormesson, guide des égarés). Voila pourquoi, comme beaucoup, j’ai été heureux de participer à la belle aventure de la maison des enfants qui, sans nul doute, va se poursuivre encore longtemps.

Dr Yves Dubuissez

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